SYDNEY/PARIS, 18 mai (Reuters) -

Des Australiens bloqués en Nouvelle-Calédonie se rationnent en nourriture en attendant de trouver un moyen de partir, a déclaré samedi une voyageuse en provenance de Sydney, alors que l'archipel français du Pacifique est depuis plusieurs jours le théâtre de violences qui ont fait six morts.

"Les enfants ont faim parce que nous n'avons pas vraiment le choix de ce que nous pouvons leur donner à manger", a déclaré Joanne Elias à Reuters par téléphone depuis un centre de villégiature de la capitale Nouméa, où sa famille est retranchée depuis que des émeutes ont éclaté.

Les violences ont été alimentées par un projet de réforme de la Constitution, contesté par les indépendantistes kanaks, visant à élargir aux personnes résidant depuis dix ans dans l'archipel le corps électoral, qui est resté figé depuis l'accord de Nouméa de 1998.

Les troubles se sont traduits par des incendies d'entreprises et de voitures, des pillages de magasins ou encore des barrages routiers qui perturbent l'acheminement des médicaments et de la nourriture.

Après la mort de cinq personnes, un sixième décès est survenu samedi à la suite d'échanges de tirs sur un barrage routier Kaala-Gomen, au nord de l'île principale de la Nouvelle-Calédonie.

Les renforts envoyés par centaines par Paris ont commencé à arriver dans la nuit de jeudi à vendredi pour tenter de reprendre le contrôle de Nouméa.

Joanne Elias, arrivée sur le territoire le 10 mai avec son mari et ses quatre enfants, a déclaré qu'on lui avait dit de remplir une baignoire au cas où l'eau viendrait à manquer, alors que les stocks de nourriture diminuaient.

"Nous ne savons pas combien de temps nous allons rester ici", a-t-elle dit, ajoutant que sa famille faisait partie de la trentaine d'Australiens bloqués au Château Royal.

Le centre de villégiature a refusé de commenter la situation, invoquant des raisons de sécurité.

La ministre australienne des affaires étrangères, Penny Wong, a déclaré que Canberra "travaillait avec les autorités de France et de Nouvelle-Calédonie, ainsi qu'avec des partenaires de même sensibilité, dont la Nouvelle-Zélande, afin d'évaluer les options permettant aux Australiens de partir en toute sécurité".

Dans un message publié samedi sur le réseau social X, elle a ajouté que l'aéroport international de Nouméa (La Tontouta) restait fermé et a invité les Australiens à "faire preuve d'une grande prudence en Nouvelle-Calédonie".

Le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie a déclaré vendredi que l'île disposait de stocks de nourriture pour deux mois et que le problème était sa distribution.

Des distributions de nourriture et de médicaments à la population seront assurées par des équipes comprenant des spécialistes du déminage qui enlèveront les barrages routiers piégés par des activistes, ont déclaré les autorités françaises. (Reportage de Sam McKeith à Sydney et Layli Foroudi à Paris, version française Benjamin Mallet)